Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Canard flottant dans la tempête
16 octobre 2009

un philosophe

Triste vision... que l'autre.

dans un bistrot sympa. je devrais y aller plus souvent, dans celui-là, il est vraiment chouette, un peu calefeutré comme je les aime. j'y retrouve le peuple d'un autre bar, où je montre plus d'assiduité. évidemment, les habitués sont les mêmes : cette secte de solitaires extravertis qui veut boire du café à 23h et qui préfère observer ses congénères en 3D plutôt qu'à la télévision... dans un espace non contrôlé. curieux personnages que l'on trouve dans les bistrots, il vaut mieux ne pas être susceptible et assez ouvert car nous sommes tous un peu des parias, finalement, sinon nous ne traînerions pas dans les cafés, à cette heure-là ; nous serions sous une couverture, avec les gens que nous aimons, à perdre le temps de vivre bien installés au chaud, dans le ventre de maman. non que nous le l'aurions pas désiré, mais pour une raison ou une autre, c'est sorti du champ des possibles. le lieu est petit, il y a moins de monde qu'ailleurs. c'est très lyonnais.

je rencontre un couple de profs. il a un très haut niveau, elle a failli avant. du coup, elle complexe, elle passe des concours très difficiles. après un an d'efforts, elle vient d'avoir un résultat négatif. du coup, elle se sent mal et elle a besoin de sortir. il est de gauche, il est féministe ; il dit sans cesse qu'il est propriétaire, il ne sait pas faire une phrase sans parler de son statut, de ses galons, humiliant sans cesse sa femme, à qui il a délégué les fonctions de son corps., depuis, elle n'est plus que sa marionnette. elle ne l'aime plus depuis longtemps mais elle n'ose pas se l'avouer. elle est fascinée par ce type qui a réussi là où elle a échoué sans voir que c'est grâce à elle qu'il a réussi, à ses dépends. elle a râté sa vie à ses propres yeux à cause de cette grossesse qu'il voulait poursuivre, pas elle. elle avait pris rendez-vous, il a insisté pour garder l'enfant.

je bois un chocolat chaud. pour être sympa, le patron le prépare avec beaucoup de chantilly - je suis toujours un peu la gamine, dans les bars... à cette heure-là, ils sont tous raides bourrés, ils perdent leur face humaine. l'un me regarde manger la chantilly à la petite cuiller en me faisant des remarques un peu salaces mais rien de méchant pour un alcoolique seul en phase dépressive avancée tout frustré qui m'admire et qui envie mes 22 ans, mon avenir, ma beauté, mon intelligence. je le dis sans orgueil, d'ailleurs ça me pose de nombreux problèmes - j'étais plus tranquille quand j'étais moche, je pouvais les observer dans l'ombre, quand ils ne m'imaginaient pas possédant tout ce qu'ils ont perdu, sans se rendre compte que  je manque moi aussi de chaleur, pour d'autres raisons. le despote féministe gronde, c'est du machisme exacerbé  selon lui mais au fond, lui aussi il trouve ça sexy. il n'arrête pas de me dire "c'est ma femme". oui, je sais qu'il est marié, de toute façon, il est moche et surtout c'est un connard fini, si je devais draguer quelqu'un, ce serait plutôt sa femme ! mais monsieur est normalien, je devrais le trouver follement attirant ! en lui se mêlent l'amour propre qui lui donne l'illusion qu'il me plaît, le désir de me voir faire ça pour le séduire, parce que ça le séduit, et la frustration de voir - et il lutte contre cette idée ! - que je ne suis pas attirée par lui et que ne fais ça que parce que j'aime la chantilly il me fait des remarques concernant la chantilly ; ça le gêne, il ne le dira pas mais il aimerait que je me sente aussi gênée que lui, que ça me fasse rougir et que j'arrête de la manger, cette chantilly, surtout que je ne touche plus à la cuiller ! histoire d'afirmer, au moins, que je me soumets à sa volonté. voir ses désirs s'accomplir par la seule puissance de sa parole, monsieur rêve d'être magicien... je le suis plus que lui !

un homme très charmant, donc. sa femme m'aime bien, elle continue au fil de la soirée de me raconter des choses très intimes, toute contente de rencontrer quelqu'un qui l'écoute sans se laisser happer par son tyran. je lui laisse mon numéro de téléphone en repartant mais elle ne m'appellera pas. pour deux raisons : d'abord, elle s'est bien rendu compte que je voyais clair en elle, je lui ai fait peur. si elle me revoyait, cela signifierait que nous entrons dans une répétition, une relation suivie et à terme, elle ne pourrait pas s'empêcher de quitter le bonhomme et sa fille, qu'elle n'aime pas sans se l'avouer. la deuxième raison, c'est que le bonhomme lui interdira subtilement de me revoir, il a dû lui dire que j'étais une salope, une personne à écarter et trouver mille arguments pour la convaincre que c'était mal de me revoir.

ce gars est influent dans le milieu de la philo. dans celui du féminisme peut-être. il appartient à ces milieux autorisés qui s'autorisent à penser. voilà les gens qui font la pensée d'aujourd'hui.

Publicité
Publicité
Commentaires
Canard flottant dans la tempête
Publicité
Newsletter
Derniers commentaires
Publicité