MERITE DE MERDE
alors voilà l'arnaque de ma génération, vous savez, celle qui est née pendant la dépression des années 80. outre le fait que nous avons été élevés dans un goût très douteux, tout de marron et d'orange crasseux, en pleine période fame, flash dance, indochine et autres abominations esthétiques, c'était la merde et nos parents découvraient avec effroi que l'on pouvait vraiment échouer, se sentir nul parce qu'on arrive pas à nourrir sa famille, ne rien avoir ou pas grand chose si ce n'est la peur de se faire virer. l'effondrement de l'urss devait arriver quelques temps plus tard mais de toute façon, le virage était pris à droite, imperceptiblement, grâce à la peur.
le mérite ou l'enculade la plus violente de cette génération qui n'a pas trente ans.
grâce à la sur-valorisation du mérite, nous trouvons cela tout naturel que nos conjoints décident, par souci de cohérence existentiel bien intentionné, de faire coïncider licenciement et divorce, misère économique et misère affective.
grâce à la sur-valorisation du mérite, bientôt les chômeurs s'auto-radieront des listes du pôle emploi et de la surface du monde parce qu'ils se sentiront tellement nuls qu'ils estimeront ne plus mériter de respirer.
grâce à la sur-valorisation du mérite, déjà vous vous interdisez de penser pour ne pas risquer de répondre quelque chose de faux lors du grand interrogatoire de la vie sociale.
grâce à la sur-valorisation du mérite, déjà vous devenez médiocres et vous acquiérez des amis de merde pour trop cher. disponibles à la chaîne puisqu'ils sont tous des zombies, comme vous.
grâce à la sur-valorisation du mérite, nos enfants nous pousseront au suicide. mais ce qui est rassurant, c'est que sûrement, nous l'aurons bien mérité.